Introduction
Même si le gouvernement canadien a illégalisé le commerce du cannabis, il est évident qu’il continue à le légaliser en raison des événements qui se sont produits et continuent à se produire, notamment la manifestation du 4/20. Tous les 4 avril, des manifestants se réunissent pour célébrer la consommation d’herbe et demander que le produit soit légalisé comme le tabac. Les forces de l’ordre sont toujours à l’affût pour assurer la sécurité lors de ces manifestations. Cependant, ils ne font rien ou presque pour contrôler le fait de fumer de l’herbe.
Manifestation du 4/20 au Canada
Le code 4/20 aurait été créé par les “Waldos” du lycée de San Rafael. Ils l’utilisaient pour désigner l’heure à laquelle ils se retrouvaient pour fumer de l’herbe, généralement vers 16 h 20 tous les jours. Le nom a ensuite été utilisé comme un code par d’autres fumeurs d’herbe pour que la police, les parents ou les administrateurs de l’école ne soient pas au courant de leurs activités. Il existe d’autres histoires qui spéculent sur l’origine de ce code, mais qui ne peuvent être confirmées pour le moment.
Cependant, ce que l’on sait avec certitude, c’est la date à laquelle les protestations ont commencé et on pense que c’est en 1995. Tout a commencé à Vancouver lorsqu’un manager, Rozek, et une employée d’un magasin de hempe, Cindy, ont demandé à leur patron, Marc Emery, de lancer le mouvement. “Ils ont demandé s’ils pouvaient organiser une célébration du 4/20 à côté, dans le parc Victory”. Marc a refusé cette demande mais ils ont insisté pour aller de l’avant avec leurs plans malgré son manque d’approbation.
Par conséquent, le 4 avril 1995, environ deux cents personnes se sont réunies dans le parc Victory et ont fumé de l’herbe toute la journée en écoutant de la musique forte. Au cours des années suivantes, le nombre de personnes qui se sont jointes à la réunion est passé à cinq cents et promettait de devenir encore plus important. En 1997, le nombre avait tellement augmenté que le lieu était trop petit. “C’est alors que la Vancouver Art gallery a été choisie comme prochain lieu de réunion et a été utilisée jusqu’à ce jour”[1].
Le principal événement de la fête est la consommation et le commerce de l’herbe. La police déployée sur les lieux ne s’engage pas à empêcher la consommation de cannabis. Ils insistent plutôt sur le fait que leur principale responsabilité est de combattre ceux qui font le trafic et la contrebande de cette marchandise.
Le commerce du cannabis au Canada
La croissance du cannabis au Canada remonte au début du XVIIe siècle. On pense en fait qu’il s’agit de l’une des premières cultures à avoir été pratiquées sur le sol canadien. “On pense que le Parisien a migré vers la Nouvelle-Écosse en emportant avec lui une foule de connaissances sur la culture du cannabis” [2]. Le commerce se poursuit depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui.
Au départ, il était cultivé naturellement, mais en raison des nouvelles règles fixées par l’administration, les agriculteurs ont décidé de le cultiver en intérieur. Pour ce faire, des équipements de pointe ont été utilisés pour obtenir des conditions atmosphériques presque naturelles, favorables à la croissance du produit. La teneur en THC de la marijuana cultivée en intérieur varie de 10 à 15 %, alors que celle de la marijuana cultivée naturellement est légèrement supérieure à 2 %. Le produit cultivé en intérieur rapporte donc beaucoup d’argent sur le marché.
“Le commerce serait dirigé par des gangs vietnamiens qui opèrent en unités familiales, une grande partie du produit vendu provient des groupes vietnamiens”[3]. Les unités peuvent compter de quatre à cent personnes. Les opérations tournent autour du règlement des dettes et des secrets gardés dans la région. “La principale force du commerce est la coopération dont font preuve les familles qui maintiennent le réseau et le financement de l’entreprise”[4].
Ce commerce de plusieurs milliards de dollars est devenu si dynamique que les groupes vietnamiens sont allés jusqu’à engager des hommes de sécurité pour surveiller la récolte. Ces groupes vendent ensuite le produit cultivé à d’autres gangs organisés de la région. Les familles préfèrent ce commerce aux emplois de tous les jours car elles le considèrent comme un moyen rapide de gagner de l’argent.
De plus, leur langue est pauvre et ne leur permet pas d’obtenir des emplois bien rémunérés. Le cannabis se négocie souvent jusqu’à 6 000 dollars la livre. Avec ces sommes folles, les gens parviennent alors à faire tout ce que l’argent peut faire. “Des hélicoptères sont parfois utilisés dans le commerce, notamment pour le transit”[5].
Ce commerce a été rendu illégal pour la première fois à la fin du XIXe siècle. À l’époque, la police était à l’affût de tous les contrebandiers de la région et de tout matériel qui transiterait dans l’intention de faire pousser du cannabis. Lorsque la règle a été établie pour la première fois, les gens l’ont balayée d’un revers de main en disant que les gens finiraient par l’enfreindre.
L’exemple donné est celui du commerce du tabac, illégalisé pendant une décennie et légalisé dans les années qui ont suivi. Les efforts déployés par le gouvernement pour réduire le commerce du tabac ont peut-être doublé, mais beaucoup de ceux qui ont été condamnés ont fini par être renfloués pour ensuite reprendre le commerce.
De nombreux manifestants du 4/20 soutiennent que le produit a une valeur médicinale, contrairement au tabac, mais ce dernier est légalisé alors que le premier est illégal. L’argent dépensé pour lutter contre la croissance et le commerce du produit devrait être réacheminé et augmenté à partir des revenus de la marijuana pour répondre aux problèmes de santé de la population en général. Selon eux, “les consommateurs de cannabis ne commettent jamais les crimes sociaux tels que la violence conjugale qui est prononcée chez les ivrognes”[6].
Effets du cannabis sur la société canadienne
Le cannabis, contrairement aux autres drogues, a des effets positifs et négatifs. Une consommation aiguë du produit peut entraîner une vulnérabilité accrue aux maladies cardiaques et pulmonaires. Toutefois, ces effets se produisent rarement et, dans certains cas, ils peuvent entraîner une perte de mémoire chez l’utilisateur. Les études menées indiquent que le cannabis n’a aucun rapport avec l’augmentation de la criminalité. “Les personnes ivres deviennent souvent violentes mais le cannabis ne provoque pas particulièrement d’agressivité”[7].
Parmi les effets positifs de la consommation du médicament, on peut citer la réduction des douleurs, l’antivomissement et l’antispasmodique. Grâce à ces effets, la société canadienne n’a pas été gravement affectée par le produit. Cependant, les charges fréquentes imposées aux personnes trouvées en possession de cannabis ont fortement augmenté.
Le gouvernement canadien et le cannabis
Les lois qui régissent la possession de cannabis au Canada ont souvent été accusées de n’avoir aucun effet particulier sur le commerce de ce produit. Bien que le produit soit illégal, la consommation de cette drogue se fait au grand jour, sous le regard des forces de l’ordre. Les activités du gouvernement ont conduit à long terme à la légalisation implicite du produit.
Cet effet s’est manifesté de différentes manières. Par exemple, l’interdiction de la drogue selon la loi adoptée en 1923 n’indique aucune raison apparente pour l’inscription de la drogue comme illégale. “Son inclusion peut avoir été faite par accident” [8]. [Par conséquent, lorsque les forces de l’ordre ont commencé à appliquer la loi, elles n’ont jamais ressenti l’urgence d’arrêter les coupables. Il n’est pas surprenant que le premier cas d’une personne accusée de possession de cannabis se soit produit plus de neuf ans après l’adoption de la loi.
Deuxièmement, l’ambiguïté de la loi sème la confusion, même chez les responsables de l’application de la loi. La loi stipule que “la culture du cannabis est illégale, sauf lorsqu’elle est utilisée à des fins médicinales”[9].
Cette disposition ne précise pas quelle quantité du produit doit être destinée à la valeur médicinale. Elle implique également que les individus qui sont trouvés en possession du produit et qui le fument sont appelés à ne pas être jugés contre la loi. Par conséquent, lorsque les policiers sont déployés dans les zones de protestation du 4/20, ils n’arrêtent pas ceux qui fument, mais prétendent être à l’affût de ceux qui sèment le chaos ou qui font du trafic de drogue.
Un autre facteur est le type de mesures prises à l’encontre des personnes trouvées en possession de cannabis, “les coupables sont emmenés pendant quelques jours, inculpés puis relâchés”[10]. Plus les lois sur les crimes commis par les gens sont relâchées, plus les auteurs sont encouragés à poursuivre leurs actions.
Le gouvernement canadien semble prendre l’affaire du cannabis à la légère. Les policiers ne sont pas motivés pour inculper les personnes trouvées en possession de cette drogue. Lorsqu’ils le font, ils ne donnent jamais suite aux affaires avec le sérieux qu’elles méritent. Les tribunaux, quant à eux, sont chargés d’inculper les criminels. Cependant, “la loi ambiguë les livre comme des chiens édentés qui ne font qu’aboyer mais ne mordent jamais”[11].
Au départ, juste après la promulgation du projet de loi, les gens ont estimé qu’il n’était pas fondé et ont fortement plaidé pour la légalisation de la marchandise. Cependant, “toutes les tentatives de modification de la loi ont été contrecarrées par l’émulation des pays étrangers pour assurer l’illégalité de la drogue”[12]. En 2002, le gouvernement libéral de Jean a tenté de faire passer un projet de loi qui légalisait de petites quantités de cannabis. Cependant, le projet de loi est mort au moment de la prorogation du parlement. Des tentatives similaires ont été faites en 2004, mais le projet de loi est toujours mort en cours de route et n’a jamais été adopté.
Suite à la pression des États-Unis et d’autres nations voisines, le gouvernement canadien est sous pression pour renforcer ses règles sur le commerce du cannabis dans la nation. Cependant, les Canadiens pensent autrement, “un sondage Anglo Reid indique qu’environ 53% des Canadiens souhaitent la légalisation de la drogue”[13].
La légalisation de la drogue signifierait que le produit pourrait être commercialisé légalement à l’intérieur des frontières du pays. La culture augmenterait l’offre du produit dans la région et sa grande rentabilité ferait que les pays qui ont illégalisé le commerce connaissent des cas fréquents de contrebande de cannabis.
Pour éviter que cela ne se produise, le gouvernement canadien devrait modifier le projet de loi afin d’être plus précis sur les restrictions et les libertés qu’il prévoit. Dans la mesure du possible, il ne devrait pas y avoir d’exceptions, car elles rendent difficile la séparation des entités. Les policiers devraient alors être motivés à inculper toute personne trouvée en possession de marijuana – quelle que soit la quantité. Les tribunaux, quant à eux, seront en mesure de rendre un jugement en conséquence.
Bibliographie
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” Les sanctions légales liées à la possession/utilisation de cannabis Déclaration de position “. CAMH. Web.
Notes de bas de page